MARCIA CROSS (Bree Van de Kamp) ... Blanche Ravalec
TERI HATCHER (Susan Mayer) ... Claire Guyot
FELICITY HUFFMAN (Lynette Scavo) ... Caroline Beaune
EVA LONGORIA (Gabrielle Solis) ... Odile Schmitt
NICOLLETTE SHERIDAN (Edie Britt) ... Marie-Martine Bisson
DOUG SAVANT (Tom Scavo) ... Emmanuel Curtil
BRENDA STRONG (Mary-Alice Young) ... Francoise Cadol
CHRISTINE ESTABROOK (Mrs Huber) ... Marie Martine
JESSE METCALFE (John Rowland) ... Emmanuel Garijo
STEVEN CULP (Rex Van de Kamp) ... Georges Caudron
RICARDO ANTONIO CHAVIRA (Carlos Solis) ... Bernard Gabay
JAMIE DENTON (Mike Delfino) ... Arnaud Arbessier
MARK MOSES (Paul Young) ... Luc Bernard
CODY KASCH (Zack Young) ... Alexis Tomassian
LUPE ONTIVIEROS (Juanita Solis) ... Thamila Mesbah
RICHARD BURGI (Karl Mayer) ... Bernard Lanneau
SHARON LAWRENCE (Maisy) ... Céline Monsarrat
SAM LLOYD (Dr. Goldfine) ... Partrick Prejean
INTERVIEW DE BLANCHE RAVALEC
(voix française de Bree Van de Kamp)
par LuK
pour le site SERIESLIVE.COM
(un grand merci à LuK et Sirius pour
leur autorisation de reproduction)
A partir de quand et comment s'est exprimée votre passion pour la 
comédie ?

Eh bien comme beaucoup de gens, ça a commencé à l'école quand je jouais dans les pièces de fin d'année. Je me suis beaucoup amusée avec ça, et je pense que l'envie d'en faire est venue de là. Cela dit, je n'ai pas tout de suite eu envie d'en faire une profession. C'était plus un loisir, le reste, ça m'est venu plus tard, vers 22-23 ans. C'est là que j'ai réalisé que je voulais vraiment en faire mon métier.

On avait déjà remarqué vos dons pour le théâtre à cette époque-là ?

A l'école ? Oui, les professeurs étaient contents, absolument. A l'époque où on avait des récitations à faire, j'avais toujours le prix de récitation, j'adorais ça... Bon c'était gentillet, je ne pouvais pas prévoir que ça allait devenir mon métier un jour... Ca, c'est venu beaucoup plus tard.

Comment la passion est-elle devenue plus qu'une passion ?

Un jour, j'ai eu un déclic. J'avais 24 ans, et je me suis dit qu'il fallait vraiment que je prenne des cours de théâtre, j'en avais envie.

Des cours de théâtre professionnels ?

Oui, disons que j'avais vraiment envie de prendre des cours de théâtre, de voir comment c'était. Je suis allé dans un cours, le cours Simon, et quand je suis arrivé là-bas, à la première seconde, lorsque j'ai vu l'atmosphère, les gens sur scène etc... J'ai su que j'avais trouvé l'endroit où il fallait que je vive, tout m'est venu d'un coup.

Et est-ce que cela vous a fait abandonner des études annexes que vous aviez entamées ? A 23 ans , en général, on a déjà commencé des études...

Alors... Effectivement, j'avais commencé bien avant cela des études à la fac, à Toulouse. Des études d'Anglais, et d'Allemand, que j'avais déjà interrompues parce que je m'étais un peu prise de bec avec un de mes professeurs principaux, et j'ai tout planté. Ca aurait été aujourd'hui, j'aurais probablement fait un grand ramdam au rectorat parce qu'avec ce professeur ça s'était mal passé, et je ne me serais pas laissée faire. Mais à l'époque, l'autorité c'était l'autorité, ça ne venait même pas à l'idée des gens de discuter, et moi j'étais une jeune fille, donc je n'avais pas eu l'idée de réagir. Je savais que je ne gagnerais pas contre ce prof, donc je suis partie.

Ca a été l'occasion de changer, donc ?

Disons que quand j'ai quitté la fac, j'ai passé le concours d'hôtesse de l'air à Air France, et j'ai été prise. Donc, j'ai travaillé chez eux, j'ai voyagé. Et au bout de trois ans, j'ai réalisé que ma vie ce n'était pas ça, c'est comme ça que j'ai atterri au théâtre.

En lisant votre filmographie, on peut s'apercevoir que vous avez eu un rôle assez important dans Moonraker, un James Bond, en 1979...

Oui... Il y a eu des tournages en France, en Angleterre, et au Brésil. C'est très amusant car quand je suis allé au casting, à 25 ans, je croyais que c'était pour une des Bond-girls habituelles, quand on est convoquée pour un James Bond en principe, c'est soit pour être la méchante ou la gentille. Je ne savais pas que j'allais être la copine de Jaws, Dolly. Donc je m'étais fait un brushing, je m'étais habillée bien sexy, pin-up et tout, puis quand je suis arrivée, ils m'ont tout défait pour me mettre des couettes ça m'a fait tout drôle quand même.
Ca a été génial. Ca a été une très belle expérience, avec des gens très pros, c'était... magique.

Ca doit être assez flatteur de pouvoir jouer dans une si grosse production au début de sa carrière...

Flatteur ? Bien sûr. Tout de suite ça m'a donné une idée de la rigueur et du professionnalisme, je me suis rendue compte que sur les plateaux de tournage des Américains il y avait un immense respect de chacun. Le producteur a beaucoup de respect pour le machiniste, tout le monde est traité de la même façon. Les gens ne sont pas toujours aussi bien traités sur les tournages en France, surtout quand ils ont des rôles de peu d'importance. Ce sont des choses qui n'arrivent pas sur les tournages étrangers. J'ai tourné avec des Anglais, des Américains, et à chaque fois j'étais surprise par la bonne éducation, le tact, la gentillesse des gens, ainsi que par le respect qui est porté à chacun.

A partir de quand votre métier de comédienne s'est-il enrichi de vos premiers pas dans le doublage ?

Il y a eu un moment où j'ai décidé d'arrêter complètement le métier, parce que je voulais privilégier ma vie personnelle, donc j'ai tout arrêté. Et quand je suis revenue sur le marché du travail, eh bien je n'avais plus d'agent... Les gens vous oublient, la nouvelle génération prend les places etc... Je n'ai jamais eu l'ambition d'être connue, moi mon truc c'est de jouer la comédie et de m'éclater dans ce que je fais. Donc j'ai cherché un moyen de pouvoir faire le métier que j'avais envie de faire. (Parallèlement j'écris des scenarii, un peu pour le doublage aussi. L'écriture me plaît beaucoup, c'est aussi une part importante de mon activité).
J'ai eu l'occasion de commencer le doublage, et immédiatement j'ai eu le coup de foudre pour ce métier. J'adore ça. Parce qu'on peut avoir des rôles magnifiques, parce que souvent dans la vie on vous propose en tant que comédien des rôles qui sont assez proches de vous, malheureusement. C'est très rare que le réalisateur ait l'imagination de vous donner quelque chose qui soit en contre-emploi absolu. Dans le doublage, on peut passer d'un premier rôle comique à un premier rôle dramatique, d'un rôle de folle à un rôle de gentille à un rôle d'idiote... C'est très diversifié, donc je m'éclate, je suis très, très heureuse dans le doublage. Il y en a qui disent que c'est un travail de l'ombre, mais moi je m'en fiche.

Certains disent que le doublage trahit les oeuvres originales. Qu'en pensez-vous ?

J'ai la prétention d'être très attentive à la création originale et de m'y tenir. Je n'ai absolument pas l'ambition d'apporter ma touche personnelle. J'ai au contraire le souci d'être loyale envers l'artiste qui a créé le rôle, et c'est ce que j'espère avoir fait dans Desperate Housewives...

Dans quelle société de doublage avez-vous commencé, et avec quel produit ?

Oh la la... J'ai commencé avec la S.O.F.I., dans Amour, Gloire et Beauté, dans le rôle de Lauren Felmore. C'est mon premier rôle récurrent et important depuis que j'ai fait mes premiers pas, en 1986. 

Au bout de combien de temps êtes-vous passée de petites phrases, à ce genre de rôles ?

Pour moi il y a eu du temps car j'ai commencé en 1986, et après j'ai arrêté le métier pendant cinq ans... Jusqu'à ce rôle dans Amour, Gloire et Beauté en 1993.

Il paraît qu'en général on passe d'une étape à l'autre assez vite, non ?

Ca dépend. Vous avez des gens qui sont de remarquables comédiens au théâtre ou au cinéma, et qui en doublage n'arrivent pas à saisir le truc, et n'arrivent pas à en faire assez bien très vite. A l'inverse vous avez des comédiens qui sont moins bons, pas toujours excellents et qui sont très bons en doublage, qui acquièrent la technique assez rapidement, Et puis vous avez des gens qui sont très bons dans un domaine, et puis dans l'autre aussi. Ca varie, il n'y a pas de règle générale.

Qui considérez-vous comme des pointures dans le doublage ? Des comédiens qui représentent bien la profession ?

Il y en a quelques unes... Patrick Poivey déjà. Frédéric Thiermont, Barbara Tissier, formidable comédienne. Claire Guyot aussi. Bernard Tiphaine, formidable. Patrick Floersheim, très bien. Mais c'est un peu restrictif, car il y en a beaucoup d'autres que j'admire également... 

Quel a été votre rôle préféré, et au contraire celui que vous avez détesté ? Les extrêmes...

Je crois qu'il n'y a pas de rôle qui ne me plaise pas vraiment. En fait je m'amuse dans tous mes rôles parce qu'il y a toujours des choses à rechercher, je m'amuse tout le temps... Même pour des rôles que je n'aurais pas forcément acceptés si on m'avait passé le script pour les jouer. Mais en doublage, franchement, je n'ai eu que des rôles sympa...

N'est-on pas décomplexé en doublage ? Par exemple pour les scènes de nudité, les scènes un peu crues...

On peut y aller franchement en effet, puisqu'on ne nous voit pas. Oui bien sûr, il n'y a pas la pudeur, on accepte plus facilement les rôles... Je n'ai jamais refusé de rôles en doublage...

Quel est le personnage que vous préférez interpréter ?

Honnêtement pour l'instant, c'est celui de Marcia Cross, de Bree dans Desperate Housewives. C'est le rôle dans lequel je m'éclate le plus, parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de choses à faire... c'est un rôle extrêmement nuancé, très riche. Il y a beaucoup de ruptures dans chaque intervention. Au plan de la comédie pure, c'est un travail formidable pour une comédienne. Je m'étais bien amusée aussi dans Melrose Place, dans la peau du personnage de Kimberly Shaw qu'elle interprétait. Elle était schizophrène, donc il y avait quand même des choses à jouer. Mais bon c'était il y a plusieurs années, j'étais plus jeune, et peut-être que j'ai apporté moins de choses qu'aujourd'hui j'en apporte dans Desperate Housewives. Il y a la maturité en plus, l'expérience en plus.

Est-ce le rôle le plus difficile que vous ayiez-eu ?

Non, il y a eu d'autres rôles que je n'ai pas obligatoirement en tête là, j'ai fait tellement de choses... Mais il y a eu de très jolis rôles aussi dans des téléfilms, des rôles aussi difficiles dans l'émotion, dans un autre genre... Enfin je dois dire que Bree est particulièrement coriace parce qu'elle va très vite, et tout change très très vite ; en une fraction de seconde, les intentions changent... Si, c'est probablement le rôle le plus difficile que j'aie eu.

Est-ce que vous faites beaucoup de gestes, de mouvements derrière le micro quand vous doublez ? On peut remarquer que certaines personnes bougent beaucoup plus que d'autres.

Oui, je bouge... [rires] Pas beaucoup, mais je bouge. Je ne vois pas comment on peut jouer la comédie en restant immobile, moi je ne peux pas.

Quelle est la journée typique d'un comédien de doublage ? Vos horaires ?

Si on travaille toute la journée, c'est 9h30-13h30 et 14h30-18h30, mais ça peut être un peu plus ou un peu moins. Parfois il arrive que ça se prolonge assez tard, si on doit doubler jusqu'à 22h00, on le fera, ça m'est déjà arrivé.

Est-ce qu'il y a vraiment une différence de rythme entre les séries et les films, des impératifs de temps différents ?

Je ne peux pas parler de longs-métrages, parce que je n'en fais pas. Je n'en ai jamais fait, car j'ai la chance d'être assez souvent demandée par la S.O.F.I., une société qui ne double que des oeuvres télévisuelles, mais en ce qui concerne les téléfilms et les séries, c'est le même traitement.

Y'avait-il d'autres comédiennes en lice pour décrocher le rôle de Zelda Spellman, dans Sabrina, l'apprentie sorcière ?

J'ai fait les essais avec Maïk Darah, Il n'y a pas eu vraiment d'essais avec plusieurs gens, en fait je crois qu'on avait fait un pilote avec des gens choisis, et que ça avait convenu donc on est restés sur nos rôles. 

Que pensez-vous de ce rôle ?

C'est un rôle sympa. Mais ce n'est pas le rôle qui m'a le plus plu, elle était presque caricaturale avec ses gestes raides... Ce n'était pas vraiment un rôle très fantaisiste. J'aurais préféré faire l'autre tante, Hilda. Mais j'étais ravie de pouvoir le faire, c'est une formidable série ! 

Quel ton essayiez-vous de prendre avec ce personnage ?

J'essaie de faire ce qu'elle fait... Un ton très raisonnable, elle parle d'une voi souvent très calme, assez posée. Un tout petit peu saccadé, quelquefois. C'est une façon de parler qu'elle avait, et que j'ai essayé de garder. Mais pendant les dernières saisons les tantes n'étaient plus présentes, ça doit faire 3 ans que je n'ai plus doublé dans Sabrina, l'apprentie sorcière.

Vous avez donc doublé avec Edwige Lemoine, qui jouait le rôle de Roxie.

Bien sûr ! J'adore Edwige Lemoine ! Formidable comédienne, formidable personne... C'est quelqu'un que j'aime beaucoup beaucoup beaucoup, qui a beaucoup de talent ! En plus elle est toujours très charmante et souriante, elle est impeccable.

Vous avez aussi eu un rôle dans La guerre des Stevens.

Oui ! Eileen ! Là je me suis éclaté à faire ça, j'ai bien aimé cette série ! Avec une équipe aussi formidable, Donald Reignoux extraordinaire dans le rôle de mon fils... Sylvie Jacob... Vraiment une bonne équipe là aussi ! C'était pas très long comme série, trois saisons je crois. Ah ! Il y a eu un long métrage ! A moins que ce ne soit un téléfilm, je ne sais plus.

Est-ce que ça vous arrive de zapper sur les séries que vous avez doublées ?

Généralement moi je n'aime pas voir ni ce que j'ai tourné en tant que comédienne, ni ce que j'ai doublé. Mais quand le hasard fait que je tombe dessus, j'aime bien écouter pour voir ce que j'aurais dû changer, j'aime bien critiquer. Ca fait plaisir de s'entendre, mais je suis très critique... Je me dis j'aurais dû faire ça comme ça plutôt que comme ça... En revanche, Desperate Housewives j'enregistre tout le temps, j'aime beaucoup.

Parlons de Bree Van de Kamp, votre dernier rôle important. Depuis combien de temps suivez-vous Marcia Cross ?

Depuis Melrose Place, ça fait une dizaine d'années. Je commence à très bien la connaître, c'est comme ma soeur [rires]. J'aime beaucoup cette actrice, je trouve qu'elle a un jeu très intelligent, très subtil. C'est quelqu'un de très intéressant à doubler car elle a dans le regard, dans les expressions et dans les gestes des choses à faire passer qui ne sont pas obligatoirement exprimées par des mots. Il faut arriver à les retransmettre comme elle, sauf qu'on n'a pas le visage et le corps pour s'exprimer, donc c'est très important d'être bien fidèle à ce qu'elle fait pour être sûr de bien faire passer tout le subtext qu'elle fait elle-même passer.

En plus on peut dire que Bree est un personnage assez rigide, parfois taciturne.

Rien n'est fait gratuitement, chaque mot qu'elle prononce, chaque geste qu'elle fait a sa raison d'être. Tout est chargé, en fait. C'est un personnage fascinant à doubler car il faut observer tout ce qu'elle fait, rien n'est anodin. En plus il y a la façade, ce qu'elle doit laisser paraître, et tout ce qui ne regarde pas les autres. On a l'impression qu'elle estglaciale, mais en fait elle ne l'est pas. Ce n'est qu'une apparence, d'ailleurs ça remonte à l'enfance, elle voulait tellement plaire à son père et avait le sentiment qu'elle n'arrivait jamais à plaire à personne que cela a influé sur son comportement d'adulte, d'où l'intérêt du personnage.

Y-a-t-il une différence de registre entre son rôle dans Melrose Place et son rôle dans Desperate Housewives ?

Oui, parce que dans Melrose Place elle jouait le rôle d'une schizophrène complètement dingue, alors que là elle joue le rôle d'une névrosée, ce n'est pas pareil. Elle a des comportements qui s'expliquent, des comportements touchants qui peuvent horripiler. Ce n'est qu'une névrosée, ce n'est pas une malade qui a des comportements incontrôlés.

Est-ce que vous avez vraiment eu l'occasion de saisir tout ce qu'il se passait en doublant, où est-ce que vous avez vraiment découvert la série en la regardant chez vous ?

C'est vraiment en la regardant chez moi que j'ai vraiment pu apprécier la série, j'ai découvert plein de choses. Mais il doit quand même y avoir une logique dans ce qu'on fait en tant que comédien de doublage, le directeur de plateau est là pour nous expliquer les enchaînements. Les détails comme ce qu'il se passe dans la famille voisine, dans la mesure où l'on n'est pas impliqué ne change rien à ce que l'on fait dans nos scènes, ce qui est important c'est de connaître l'histoire, les événements, de savoir dans quelle humeur tout cela évolue, le fait que l'on ne connaisse pas les détails ne gêne en rien la qualité du travail que l'on fait.

Est-ce que le fait que ce soit une série aussi exposée, une série "événement" vous stresse un peu plus que de doubler une série moins notable ?

Non non, il n'y a pas de différence. Je mets autant d'application dans tout ce que je double, la qualité de travail est la même partout. Les directeurs de plateaux ont les mêmes exigences, après c'est une question d'individu, certains sont moins exigeants que d'autres quel que soit le produit, ce n'est pas une question de chaîne ou d'horaire. Nous n'avons pas d'instructions spécifiques selon les séries.

Edwige Lemoine avait pourtant évoqué le fait que concernant les films, les comédiens avaient plus de temps pour doubler, droit à davantage d'essais... Par exemple pour la saison 3 de Smallville, il leur était arrivé de doubler en catastrophe le jeudi alors que l'épisode passait le samedi soir dans la Trilogie, même si la qualité du doublage n'était en rien altérée.

Il peut y avoir des cas exceptionnels, des urgences. Mais même en cas d'urgence on prend le temps qu'il faut pour, si on doit travailler très tard on travaillera très tard, hors de question de bâcler. Puis quelquefois il peut y avoir des incidents techniques. C'est un métier où il faut savoir être souple, c'est comme au théâtre, on répète on répète... Il n'y a pas vraiment d'horaires. Ca serait ahurissant qu'il y ait une différence de qualité, et puis de toute façon une série peut passer à 14 heures sur telle chaîne, puis en prime-time dans un autre pays... 

Qu'est-ce que vous préférez dans le métier de comédienne de doublage, qu'est-ce qui fait que vous aimez particulièrement cet exercice ?

Je considère que ce métier est une chance extraordinaire pour un comédien : c'est de la formation permanente payée. C'est extraordinaire ! C'est un métier dans lequel on travaille régulièrement sa diction, où l'on s'entraîne régulièrement à exprimer ses émotions et ses sentiments, et à en trouver d'autres ! Moi je trouve que cela m'a fait faire énormément de progrès en tant que comédienne de tournage, parce qu'à force de doubler les gens, quelquefois quand on voit un personnage exprimer une émotion dans une situation donnée, par exemple on se dit "tiens, moi c'est pas comme ça que je l'aurais joué". Mais dans le doublage, on ne me demande pas mon avis, je suis tenue de faire ce qu'elle a fait. Et je me suis rendu compte, qu'en m'imposant -c'est de l'éthique, de la loyauté que de respecter le travail de l'autre- le fait d'être sincère avec les émotions qu'elle a exprimées, je me rends compte que finalement, il y a des résonnances chez moi ; elle m'aide à découvrir chez moi d'autres formes d'expression de mes émotions que je ne soupçonnais pas, c'est formidable ! Des tas de choses sont arrivées par le doublage, et je trouve ça génial, c'est un entraînement formidable, c'est une formation permanente ! J'adore ça !

Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui veut se lancer dans le doublage ?

La première chose à faire, c'est de prendre des cours de théâtre : pour la diction, l'expression. Deuxièmement, il est important de savoir placer sa voix, et surtout de prendre conscience de son corps, pouvoir vivre son corps. C'est pour ça que je ne comprends pas que des gens restent rigides à la barre, comment ils arrivent à jouer la comédie ainsi. Le corps fait partie de l'expression du comédien. Pour ce qui est du doublage qui est une partie du métier avec ses spécificités techniques, c'est vrai qu'il est difficile d'arriver à maîtriser à la fois la technique et la comédie, ça s'acquiert. Il existe des stages de doublage pour les comédiens, mais il faut surtout venir assister aux enregistrements. Il faut venir longtemps, et souvent. Moi avant de commencer je suis venue assister pendant un an pratiquement, trois fois par semaine. Et j'ai regardé les autres travailler, parce que regarder les autres ça apprend beaucoup. On voit les autres se tromper ; au début on ne voit pas trop où est la difficulté, puis on comprend les difficultés. Et comme les directeurs de plateaux font leurs remarques, on voit quelles sont les indications qui sont données, on voit le résultat qui est obtenu, et c'est comme ça qu'on apprend ! Il faut regarder ceux qui se trompent comme ceux qui font très bien leur travail, puis il faut faire des essais, aussi.

Au bout de combien de temps peut-on demander à passer des essais ?

On m'a fait faire des essais au bout de... Je ne sais pas... 6 ou 7 mois ? Un jour je suis allé voir le directeur et je lui ai dit "je me sens prête, est-ce que je peux essayer ?" S'ils ont le temps ils acceptent, il y a des programmes qui sont plus ou moins chargés, parfois ils finissent plus tôt. Mais en principe ils sont toujours bienveillants, ils sont toujours ravis d'avoir de nouvelles voix. 

Comment faire pour assister à des séances de doublage ?

Chez Dubbing Brothers, il faut se rendre à la réception et demander si c'est possible. Sinon à la S.O.F.I., il faut appeler le bureau et demander si on peut assister, et ils vous disent où aller et à quelle heure.

Où est-ce qu'on va pouvoir vous entendre/voir prochainement ?

Alors, j'attends deux réponses importantes pour le cinéma dans deux rôles complètement opposés, l'un dans une comédie burlesque, et l'autre dans un film fantastique, je ne peux pas en dire plus ! La réponse est imminente. Ce sont de très beaux rôles, des rôles principaux.  Pour le doublage, eh bien nous allons bientôt poursuivre avec la saison 2 de Desperate Housewives,